ISSN : 2266-6060

Papillon de m…

Paris. Août 2009

Le promeneur ne manquera de remarquer lors de ses déambulations piétonnes sur le trottoir ou dans le caniveau parisiens la présence de papiers déchirés. Il rêvera d’une lettre de rupture passionnée déchirée d’un geste de douleur par un amant éprouvé ; il espèrera en un brouillon d’un roman abandonné par un écrivain désespéré ; il songera à ces convocations d’un principal exaspéré, interceptées par un élève révolté. Il pensera aux lettres chipées par des enfants désœuvrés… Levant la tête, il découvrira non sans émerveillement que des écrits de cette même forme allongée sont venus se coucher sur le pare-brise de nombre de voitures environnantes. Il trouvera la chose jolie, presque poétique… des papillons de papiers avec soin alignés de véhicule en véhicule.
Il imaginera un correspondant fou écrivant à tous les conducteurs comme il arrive parfois dans les petites rues apparemment charmantes des villages de vacances où par écrits interposés les estivants à coups de mots glissés sous les essuie-glaces se lancent des amabilités. À l’arrivée d’agents de bleu vêtu, armés de carnet à souches, il comprendra que le papillon n’est pas seulement un écrit qui vole mais une contravention soigneusement délivrée par un agent et que son surnom d’insecte ne tient pas à sa capacité de venir se poser avec légèreté, mais à sa duplicité. Le papillon a deux ailes dont l’une reste dans le carnet de l’agent de la préfecture. On a beau se débarasser d’une partie ici, l’inscrit demeure ailleurs… C’est comme les moustiques, une fois qu’il vous pique, vous aurez beau les tuer, vous aurez un bouton…



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