Figurations
Toulouse, août 2009.
Pour certains, c’est très souvent, voire tous les jours. Pour la grande majorité, c’est plutôt le samedi. Tous sortent flâner, et surtout, ils frémissent à l’idée de faire du shopping. Acquérir le dernier accessoire à la mode, trouver le même vêtement qu’une copine mais à un meilleur prix, changer de look, ressembler à sa star préférée… Les motivations sont certes très variées, mais toutes sont orientées vers un même espoir : se laisser surprendre par la rencontre inattendue, tomber sur la perle rare.
Ce jour-là, celles et ceux qui se sont trouvés nez-à-nez avec cette vitrine n’ont pas été déçus. Contrairement aux autres qu’ils ont l’habitude de croiser, celle-ci annonçait clairement la couleur autrement. Plutôt que de proposer une mise en scène, plus ou moins convenue, des produits phares du moment disponibles à l’intérieur du magasin, elle jouait davantage sur la curiosité des clients. En attirant leur attention sur le caractère inachevé de la mise en scène proposée, l’écriteau cherchait explicitement à faire entrer les passants afin qu’ils puissent voir ce qui n’était pas encore exposé.
La force de l’écriteau était plus intense encore. Écrire et afficher que la vitrine est “en cours”, c’était affirmer qu’elle était loin d’être désuète. Bien qu’encore incomplète, elle était au contraire bel et bien active. Elle n’invitait pas seulement à voir ce qui était invisible de la rue, elle projetait aussi sur le devant de la scène ce que toutes les autres vitrines font sans l’écrire : montrer que leur capacité à attirer le client résulte d’un travail quotidien de figuration qui n’est généralement pas explicité. Pourtant sans lui, difficile de faire du “lèche-vitrine”.