Arts de table
Trento, septembre 2010.
Apprendre à manger, c’est avant tout acquérir des manières de faire : saisir correctement divers ustensiles, mettre les petits plats dans les grands, ne pas mélanger les torchons avec les serviettes, et bien entendu, adopter des postures adaptées tant à la manipulation de la nourriture qu’à la conversation avec les autres convives. Bref, c’est savoir se tenir, tout en veillant à ce que chaque chose soit en place. L’ordre gastronomique n’est pas qu’une affaire de personnes, le déroulement d’un repas passe aussi par l’ordonnancement séquentiel et spatial des objets. Cet apprentissage vient généralement des instructions que nous répètent inlassablement nos parents jour après jour. Ces recommandations orales se doublent parfois des conseils avisés que proposent les manuels consacrés aux arts de la table. Car l’ultime mise à l’épreuve ne se joue pas seulement dans le salon familial. En famille, entre amis ou avec des collègues de travail, les bonnes manières s’éprouvent aussi lors de réceptions et de dîners au restaurant. Heureusement dans ce lieu, les apprentis peuvent se concentrer uniquement sur leurs propres agissements. Serveuses et sommelier veillent scrupuleusement au bon agencement des objets. Et parfois, ils sont même relayés par de petits médiateurs qui s’invitent comme interlocuteurs possibles en occupant directement la table. Ils rappellent ainsi aux invités que si l’ordre règne, les saveurs et les humeurs n’en seront que meilleures. Tout à la fois poubelle de table et support d’une instruction, ce petit médiateur est aussi un exhausteur de goût.