Bleue
La Rochelle, août 2019.
Si l’observation minutieuse des variations du littoral ne date pas d’hier, les initiatives se multiplient avec les enjeux liés au réchauffement climatique. Celle nommée « Les Arbres Bleus », engagée à la suite de la tempête Xynthia de 2010, semble complexe au premier abord. Le panneau explicatif est en effet truffé de différentes espèces graphiques qui associent un dessin et quelques phrases, tout en pointant vers l’adresse d’un site web ainsi qu’un flashcode pour en savoir davantage. Sans oublier le logo du ministère de l’Écologie et celui de la communauté d’agglomération de La Rochelle. Alors que le slogan initial est accrocheur, « Imaginons ensemble le littoral de demain », l’incitation vise donc une participation qui déborde le simple face à face avec ces quelques inscriptions. Le cœur de l’opération tient pourtant dans deux marques effectuées sur chaque tronc d’arbre de cette partie du littoral. La première, de couleur bleue, indique le niveau atteint par l’océan lors de la tempête de 2010. La seconde, de la couleur du tronc limitée d’un trait blanc, vaut quant à elle pour sa largeur, instaurée en référence par les Plans de Prévention des Risques Littoraux qui réglementent la constructibilité : instrument de mesure standardisé, « Xynthia + 20 cm » agit également comme un plan de projection des zones marines submersibles. Toutefois, la peinture apposée sur l’écorce d’arbres s’estompe rapidement, d’autant plus en milieu littoral. La fragilité de l’agencement, qui pourrait laisser songeur sur la naïveté de cette initiative, est à l’inverse constituée en moteur de l’action : comme la mémoire du risque qui tend elle aussi à s’effacer, la peinture doit être régulièrement « réactivée ». Programmé tous les deux ans, l’entretien de la marque bleue est instauré en ferment de la réflexion collective en vue de susciter l’imagination contre les risques d’inondation.