Bonne pioche
Trento, septembre 2010.
Face à l’expansion toujours plus grande des informations, il a tout essayé. Au début, il imprimait les articles à lire en priorité et les empilait soigneusement sur son bureau. Puis il s’est mis à ranger chaque item dans différents tas, chacun correspondant à un thème particulier. Une fois que l’espace de son bureau n’était finalement occupé que par différentes piles de papier, il s’est résolu à s’équiper d’un mobilier supplémentaire. D’abord une table d’appoint. Mais très vite, elle n’a pas suffi. Il a alors investi dans des classeurs ordonnés sur une étagère, gardant sur son bureau uniquement la pile des choses urgentes à lire.
Ce mobilier de bureau était associé à un ordonnancement similaire des dossiers et des fichiers dans son ordinateur. Mais rien n’y faisait. Les informations utiles étaient toujours de plus en plus abondantes, alors que le temps d’en prendre connaissance semblait encore plus restreint. Même l’usage de logiciels destiné à organiser des éléments en une base de données efficace ne suffisait pas. Ni les techniques séculières de tri, ni les technologies matérielles de classement ne lui permettaient de s’en sortir. Les ressources distribuées pour soutenir ses opérations cognitives n’honoraient qu’en partie les contraintes engendrées par l’économie de l’attention. Il a donc récemment opté pour une formule radicalement différente : faire confiance au hasard. Lorsqu’il a du temps pour lire, il pioche dans le tas des fichiers présents sur le bureau de son ordinateur.