Bordures

La Rochelle, août 2023.

Des marques de tracés encore visibles, des rectangles jaunes décalés par rapport aux précédents en blanc, un enrobé gratté pour effacer le “payant” repositionné à peine plus loin. A-t-on affaire à une zone d’expérimentation urbaine, si courante de nos jours, ou à une équipe de voirie particulièrement négligente, bien trop répandue aux yeux de certaines et certains ? Ni l’un, ni l’autre. C’est une situation ordinaire de réaffectation des places de stationnement qui a eu lieu ici. Malgré les traces restantes et les petits écarts entre les inscriptions, l’intervention est bel et bien terminée. Pour autant, les interstices exposés au regard épaississent leur possible appréhension : l’empilement des couches graphiques pointe aussi bien vers les transformations matérielles qui font les espaces urbains au quotidien que les décisions, municipales ou nationales, voire européennes, qui irriguent les politiques publiques depuis une quinzaine d’années autour des mobilités innovantes et de l’adaptation des villes aux enjeux climatiques. D’une couche à l’autre, dans un ajout ou un retrait, au cœur des petits décalages, on accède un peu plus directement aux ajustements nécessaires pour réattribuer des places, réorienter les flux, redistribuer l’action, répartir autrement les responsabilités.