Ce pays et ses signes
Québec, route 148, août 2010.
Tu l’aimes, ce pays. Ces terres, ces villes, ses forêts. Et son ciel, par dessus tout. Venu à de nombreuses reprises, c’est la première fois que tu as l’occasion de conduire. Faire l’automobiliste : un bon moyen de sentir encore un peu d’étrangeté. De se frotter aux objets très concrets qui composent la culture, cette chose beaucoup plus simple qu’on ne le croit. L’ami qui t’a prêté sa voiture pour une semaine t’a donné quelques instructions avant le départ. Penché sur une carte, il t’a montré les routes que tu allais suivre, ponctuant ses explications d’anecdotes locales ou de grandes généralités sur l’état de sa belle province. Il t’a notamment averti à propos de la signalétique, faisant la moue. Elle ne vaut rien ici, comparée à chez vous. Il faut tout connaître à l’avance, sinon on ne s’en sort pas.
Une fois sur la route, tu as trouvé qu’il avait été bien sévère. Face à ces panneaux qui découpaient sans cesse les routes du nord au sud, de l’est à l’ouest, tu as trouvé au contraire que le monde était bien ordonné. À ton goût, tout du moins. Chaque flèche référant à un territoire qui pouvait se passer de ville, de destination. Et tu as compris encore un peu mieux la force de ces signes. Leur capacité à produire des réalités particulières.