Chiffre (2)
Marseille, janvier 2020
Le chèque, si utile pour faire entrer le compte bancaire au coeur de la population française, est désormais abhorré par les banques. Trop de matérialité complexe, d’opérations manuelles et de traitement pour ce support par rapport aux flux électroniques apparemment immédiats des virements et autres opérations liées aux cartes bancaires.
Obligées par l’État à conserver ce moyen de paiement, elles ont accueilli avec soulagement l’automate pour chèques, destiné à remplacer ce travail coûteux. Enfin, remplacer… plutôt substituer le travail des employés par celui du client qui doit entrer l’ensemble de ses coordonnées bancaires, insérer au bon endroit les chèques afin que leur bande d’identification soit repérée et transformée en un identifiant unique de compte donneur.
L’automate passe outre ce qui faisait le coeur du chèque : l’écriture manuscrite du montant, la date et plus encore la signature, garantie de son authenticité. Tout cela est désormais superflu, parce que trop compliqué à machiniser. Il se focalise uniquement sur ces fragments d’inscriptions dans la case dédiée et n’applique sa reconnaissance de caractères qu’à cet endroit. Il déchiffre et transforme ainsi les signes en un véritable nombre, celui qui conduira à un transfert monétaire irréversible.
Mais la main humaine trace des traits si variables qu’il faut une dernière fois faire appel à un lecteur biologique : êtes-vous d’accord avec la somme ? Vos doigts sont donc une nouvelle fois sollicités, attirés par les boutons de couleur sur l’écran. Ne réfléchissez pas trop, d’ici quelques secondes, faute de votre déapprobation, il achèvera l’opération, satisfait de son ouvrage.