ISSN : 2266-6060

Cohabitation

Pataras, septembre 2024.

Certains espaces publics sont saturés d’inscriptions, d’autres, dont les plages, s’avèrent plus préservés ; la publicité et la signalétique y sont réduites au minimum. Sur cette plage de la côte lycéenne, les baigneurs découvrent un supplément inhabituel. Elles et ils sont prévenus dès la sortie des dunes que deux espèces de tortues de mer viennent pondre sous le sable, il leur faudra donc adopter un certain nombre de règles de cohabitation : empêcher les enfants (et les adultes) de creuser pour éviter de déterrer les œufs, partir avant la nuit pour ne pas les déranger et, le cas échéant, de ne pas se mettre sur leur passage ni provoquer d’interaction. En plus de cette liste fixe d’interdictions, des volontaires disposent, le matin, une signalétique mobile au-dessus des nids.
Ce panneau actualise la présence des tortues et les interdictions afférentes pour les baigneurs : il rappelle les règles en situation. Il indique aussi la quotidienneté du soin porté aux espèces protégées et donc à la fois la temporalité et la fragilité de l’action publique environnementale. Mais, il instille aussi une pensée paranoïaque sur les prérequis de cette cohabitation avec une espèce protégée : si la plage est filmée pour repérer les lieux de ponte, les caméras captent-elles également les activités diurnes des baigneurs ?



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