Comptages
Marseille, décembre 2024.
La chercheuse est assise à son bureau, elle parcourt un par un les actes qui l’intéressent sur les bases électroniques pertinentes. Sur son écran des documents scannés, des inscriptions manuscrites, des signatures, une foule d’écrits que seul un regard avisé peut décoder, puis recoder en fonction de ses intérêts.
Sur le bureau un cahier d’abord fait pour compter selon un système en base 5 en haut, rapide et fiable, puis sommer sur la base de ces enregistrements en base décimale. Plus bas, les dénominateurs sont directement recopiés depuis le système d’information des archives avant d’opérer des premiers ratios « pour voir », dont elle inscrit la nécessaire vérification ultérieure… et un début de dialogue avec la littérature existante qu’elle connaît déjà.
Ce cahier de laboratoire, s’il reprend le principe latourien d’inscription, peut sembler dépassé : des firmes vendent aujourd’hui des cahiers électroniques où tout est authentifié, tracé, attribué, aux fins d’une science reproductible. Pourtant un dernier geste les rapproche : après l’oeil, le papier et le stylo, une photo prise au téléphone pour garder et transporter la trace de ces comptages, les inscrire dans une chaîne plus longue de travailleuse de la preuve.