ISSN : 2266-6060

Concurrence (2)

Marseille, mai 2019.

Les panneaux officiellement destinés à l’affichage électoral sont apparus il y a quelques mois. Rapidement, ils furent envahis par le portrait d’un putatif candidat.. aux élections municipales de l’an prochain, avant que l’ordre matériel et symbolique de la concurrence électorale ne semble être restauré.
Du moins jusqu’à ce que 34 listes soient validées, dépassant de loin les normes habituelles en la matière. Dès lors, il n’y a pas assez de places officielles sur les panneaux. Certes, des listes peu financées n’emploient ni affiches ni colleurs, détendant cette nouvelle concurrence. Mais le régime politiquement équitable d’une place identique pour chacun est menacé.
Face à cela, la compétition sauvage pour l’attention des électeurs ressemble ici à celle des serruriers pour les habitants coincés hors de chez eux. Loin d’être contraints par l’espace prévu, définissant collectivement un panoptique où chaque liste dispose d’une même place dans le champ oculaire, c’est par le flux temporel des colleurs que les candidat(e)s sont limités.
Suivant la quantité de colleurs et d’affiches investis, c’est l’un, puis l’autre et bientôt le troisième qui va saturer l’espace d’affichage. Pour rétablir l’égalité dans l’espace électoral, il faudrait comme les publicitaires changer de technologie d’affichage : au lieu du papier fixe, des écrans verraient défiler les listes et les messages, avec une fréquence bien sûr contrôlée par huissier.



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