Confidentiel

Aix-en-Provence, mars 2023.

Une lettre de protestation et de mobilisation part de l’Algérie française vers la métropole en guerre. Les écrits circulent encore, mais avec de nouvelles épreuves : les lettres sont ouvertes, lues, censurées ou, au contraire, remises le plus soigneusement possible dans leur enveloppe d’origine après avoir été recopiées.
Sa copie tapée sur un fragile papier suit maintenant sa propre trajectoire avec une adjonction supplémentaire, une zone réservée aux administrations de police responsables de la surveillance du courrier. Les processus sont si routinisés que des tampons ont été fabriqués pour rappeler les obligations et interdictions en fonction des types de document.
Pour cette copie, il est rappelé aux lecteurs de l’époque de ne pas « directement » évoquer cette « interception », même s’ils peuvent utiliser le contenu ou indiquer l’existence d’une mystérieuse source. Cette consigne n’est bien sûr applicable que pour les « tiers », tels les lectrices et lecteurs d’aujourd’hui, découvrant dans les archives les traces de ce travail de surveillance. La lettre originale a disparu depuis longtemps, mais copiée, tamponnée et classée, elle est désormais accessible sans restriction.