Court-circuit
Roanne, juillet 2010.
Un nom, une chose. Une catégorie, une entité. Un code-barres, un produit. Minéral, végétal ou animal, chaque élément est soumis à des principes de classification et des systèmes de dénomination. C’est au prix de cet assemblage minutieux que l’on circule sans difficultés des mots aux choses et vice versa. Un fin jeu d’étiquettes relié à des fichiers et des bases de données permet de désigner quelqu’un ou quelque chose, et de distinguer le particulier du général. Nous ne faisons plus du tout attention à ces infrastructures, sauf lorsqu’elles sont défaillantes. Une même référence et un même code-barres pour un seul type de flexible. Pourtant, le diamètre de l’écrou n’est pas identique. La transparence de la référence n’opère plus et le doute s’installe. C’est le moment précis où tout un ensemble de standards, d’activités et d’acteurs ressurgissent : est-ce une erreur du fabriquant qui n’a pas associé l’écrou approprié au flexible ? Est-ce un magasinier qui s’est trompé lors de l’étiquetage des produits ? Est-ce un client qui, voulant déjouer le lecteur de code-barres pour obtenir une ristourne, a changé l’étiquette ? La circulation de la référence est loin d’être une affaire abstraite entre un signe et ce qu’il désigne. Qu’un seul des éléments d’un assemblage standardisé change et la référence n’est plus unique. Un nom, deux choses. Une catégorie, différentes choses. Un code et c’est une multiplicité d’entités qui deviennent candidates à la désignation.