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L’invité du jour : Samuel Goëta
Montréal, mars 2014
Depuis quelques années, le métro de Montréal connait une transformation tranquille. Les stations font l’objet de travaux fréquents, des écrans sont apparus, les stations deviennent lentement accessibles pour les personnes en fauteuil roulant. Et peu à peu la communication de la régie des transports entreprend sa mutation. Des lettres plus rondes et colorées accompagnées d’illustrations minimalistes sous forme de pictogrammes ont conquis les affiches, panneaux et publicités de la régie.
Les transformations du métro montréalais entrainent des dérangements : des sorties fermées, des escalators désactivés, des écrans inactifs. Dans cette station, les travaux sont de grande envergure au point qu’il a fallu créer un panneau avec un plan qui indique où se trouve le marché dans lequel les montréalais se rendent en masse à la fin de semaine. Une autre série de panneaux se déploie sur les murs d’une des sorties pour justifier du dérangement promettant une station mieux éclairée et plus facile d’accès. Difficile pourtant de juger de l’avancée des travaux avec les grandes plaques de bois qui couvrent jusqu’au plafond et isolent les ouvriers dont on entend parfois les outils derrière la paroi. On se remet alors à un panneau qui prévoit la fin des travaux en décembre. Mais nous sommes en mars, la sortie n’est toujours pas ouverte et la clientèle n’est toujours pas avisée de la fin effective des travaux.
Un autocollant a été collé sur 2013, il acte le dépassement de la date prévue des travaux. Sa mention « désolé » laisse le lecteur imaginer les causes des retards, les travaux publics faisant régulièrement la chronique des journaux. Cet autocollant « désolé » n’annonce pas la fin des travaux, son auteur juste déplore peut-être des contractants qui ne respectent pas les délais ou des plannings trop serrés pour être tenus. En s’affranchissant de la charte graphique, l’autocollant laisse planer le doute sur l’identité de son auteur : est ce une communication officielle ou un acte isolé d’un agent ? La couleur rouge, les lettres anguleuses et plus fine, autant de signes d’une communication pas totalement assumée officiellement mais aussi de la possibilité d’une communication moins maitrisée que les process, chartes et principes qui guident traditionnellement l’information des voyageurs.