Disponibilité
Roanne, août 2009.
Les espaces urbains sont de véritables incubateurs pour les objets écrits. De nombreuses espèces graphiques s’y côtoient à travers des phénomènes de coopération, de domination, ou encore de succession. Pour les specimens publicitaires, la lutte pour l’existence se traduit par une guerre des yeux : combien de vues respectives susciteront tel spot télévisuel, telle page internet, ou tel panneau publicitaire ? La visibilité et l’audience qui permet de l’exprimer en chiffres sont devenues les maître-mots du marketing visuel. Autrement dit, la présence réussie se mesure à l’issue d’une compétition acharnée pour l’occupation de l’espace. Dans cette perspective, la lutte pour les places les plus attractives et les plus visibles se paie au prix fort, que ce soit pendant la mi-temps d’un match de foot à la télévision, sur un site internet réputé, ou pour apparaître dans les lieux publics les plus fréquentés des grandes métropoles du monde. Pour autant, la “pollution visuelle” décriée par certains n’est pas toujours inéluctable. Des places demeurent disponibles, à l’instar de ce panneau qui est resté dans cet état plusieurs mois planté là. Au grand dam du propriétaire, qui escomptait une exonération d’impôts sur les profits tirés de la location de cet emplacement. L’annonce alléchante n’a finalement suscité aucun intérêt. Seul le regard d’un scritopolien s’y est arrêté : le temps de contempler ce beau spécimen manifestant vigoureusement sa disponibilité.