Données
Clamart, janvier 2023.
Le RGPD, règlement général sur la protection des données, a changé la vie des internautes européens. Impossible depuis sa mise en place de visiter une page Web sans avoir à affirmer expressément des choix quant à l’usage des données que l’on consent ou non à faire circuler jusqu’aux innombrables acteurs du marketing et de la publicité en ligne, sans d’ailleurs bien savoir de quoi sont faites exactement ces données. Pour beaucoup de défenseurs de la vie privée, c’est une avancée considérable, puisqu’avant l’implémentation de ces formulaires obligatoires, un flot de traces numériques s’échappait de nos ordinateurs sans que nous puissions en avoir conscience. D’autres considèrent sans doute que le prix à payer est un peu trop élevé. Quel que soit le type de décision que l’on prend au sujet de ces données, il faut en effet a minima un clic supplémentaire pour atteindre sa destination. La navigation en ligne a indéniablement perdu en fluidité.
Il faut dire que l’on est bien loin des dispositifs par lesquels les mêmes acteurs s’efforçaient d’en savoir plus sur leurs clients et leurs pratiques de consommation il y a quelques années à peine. On en découvre un exemple à l’ouverture du livret d’un CD, dont la dernière page prend la forme d’un questionnaire aux multiples entrées. Difficile d’imager une figure d’usagers plus éloignée de celle que la multiplication des cookies ou des pixels-espions a fini par imposer. Découper la feuille, répondre aux 14 questions, se rendre à la poste pour envoyer le tout. Et rien n’empêchait alors d’écouter ce merveilleux album des Lords of the Underground si l’on ne se pliait pas à l’exercice. Comment appelait-on alors l’acte qui consistait à participer à cette récolte de données ? Sans doute pas du consentement.