En même temps
Paris, juillet 2019.
N’en déplaise aux économistes orthodoxes, la qualité d’un bien de consommation, quel qu’il soit, ne se décline jamais au singulier. Cette multiplicité des qualités peut représenter une opportunité pour les producteurs. Certains y voient l’occasion de jouer sur plusieurs tableaux en satisfaisant des consommateurs variés, voire eux-mêmes multiples. Mais il arrive aussi qu’elle pose de sacrés dilemmes. En quelques années, les qualités environnementales ont par exemple grandement complexifié les choses pour celles et ceux qui proposent sur le marché des produits alimentaires. Combien de fois a-t-on entendu leurs représentants dire leur détresse face à des consommateurs qui vont jusqu’à surveiller la teneur en huile de palme du moindre biscuit ? Comment voulez-vous que la texture de nos pains au lait demeure la même sans les propriétés de cet agent ? Vous rendez-vous bien compte de la perte en brillance et, pire encore, en tartinabilité que notre pâte subirait si nous renoncions à cette huile devenue indésirable ?
D’autres, courageux face à la pression du marché, se sont lancés dans l’aventure et ont relevé le défi. Non sans en faire un argument de vente et afficher fièrement l’articulation des qualités qu’ils sont parvenu à réaliser aux prix sans doute de nombreux efforts. Quitte à inventer des slogans qui, au premier abord, laissent dubitatif. Et mettre en avant une sorte de qualité des qualités contradictoires devenues compatibles.