Archaïsme
Dans le train Paris-Nancy, mars 2010.
Je n’ai pas pris mon ordinateur Mac Powerbook gris métalisé ; je fais l’aller-retour dans la matinée ; je n’ai pas voulu m’encombrer dans mon périple ; aujourd’hui, c’est une journée parole : n’ayant pas bien lu le message de ma collègue organisatrice, je me retrouve à faire deux interventions sur deux sujets sans aucun rapport, ce, à quelques heures d’intervalle et à deux endroits de la France. Bref, je suis dépourvu de mon instrument d‘écriture principal… Je sors une feuille (verso de la dernière page d’un article qui m’a été envoyé sur ma boîte mail Orange dans un format PDF et que j’ai téléchargé en ligne sur le disque dur de mon ordinateur Imac 27 pouces, acheté par un de mes généreux collègues sur un contrat de recherche puis imprimé à l’encre noire sur l’imprimante lazer HP2015 de mon bureau) ; je prends un stylo à bille de couleur noir, modèle « Christal » de marque bic (mis sur le marché en 1950 par le génial baron Bic et vendu à ce jour à, dit-on, plus de 100 milliards d’exemplaires). J’ai ce stylo pour remplir les formulaires d’immigration aux frontières ; je l’avais acheté autrefois pour remplir mon agenda ou prendre des notes en séminaire mais désormais j’utilise l’IPod Touch que mes enfants m’ont offert pour mes 41 ans afin que je ne sois pas trop « Old school » et je ne prends plus de notes (ça c’est pas vrai mais c’est joli).
Je décapuchonne le stylo bille et je commence à écrire : étrange instant, soudain me voilà revenu dans mon passé, celui de mon index meurtri par le frottement du plastique sur la peau, celui de l’encre manquante, celui des stylos tricolores… Je vois apparaître des mots, une graphie … C’est mon écriture : celle que mon correcteur à l’épreuve de français du baccalauréat avait estimé illisible au point de ne pas lire ma copie, celle de ma jeune correspondance amoureuse, celle de mes milliers de notes prises en cours, en séminaire, en colloque … Soudain, à la place 43 de la voiture 17 de ce TGV n°2503, j’ai retrouvé mon écriture.