Coup de soleil
Toulouse, juillet 2009.
La route a été longue, très longue même. Trop longue pour passer encore du temps au volant à chercher une place de parking. Heureusement, un espace entre deux voitures semble suffisamment large pour ranger le bolide chargé de bagages et de souvenirs. Je me gare et commence à déballer les sacs. C’est seulement après que j’aperçois ce panneau presque entièrement blanc. La légère teinte orangée de la bordure en haut à gauche attire un peu plus mes yeux fatigués. Je comprends que le rouge vif a progressivement viré au blanc après une longue exposition au soleil. Ironie de la situation : mon visage est rouge écarlate, après une sieste inopinée au bord de la piscine. L’état léthargique qui me caractérise plonge mon esprit dans une petite réflexion sur la réaction inverse aux rayons du soleil de certaines entités qui passent du rouge au blanc quand d’autres muent du blanc au rouge. Ce menu détour anthropologique s’arrête toutefois brutalement au moment où l’inscription “défense de stationner” m’apparaît très nettement. Le détachement des lettres blanches sur le fond usé du panneau relance ma réflexion dans une tout autre direction. Je pourrais bien entendu reprendre directement le volant et chercher une place ailleurs. Mais je préfère fixe à nouveau le panneau et relire scrupuleusement l’instruction qu’il arbore à plusieurs reprises, comme pour en éprouver la force. Après tout, l’inscription a perdu en vivacité : elle est à peine visible et le rouge censé attirer la vue a disparu. Le bois de la porte est lui aussi usé et vieilli par le soleil. Rien ne permet donc de savoir si l’interdiction est toujours en vigueur.