Crois-moi
– Bagneux. Mars 2009 –
Il est nombre de formulaires que l’on remplit aujourd’hui par une série de croix. Cocher la bonne case dit la consigne du questionnaire à choix multiple (QCM) du concours de première année de médecine mais aussi le formulaire d’immigration à la frontière des Etats-Unis (le vert que l’on recommence toujours au moins deux fois tellement on hésite). Inscrire une croix a souvent consisté pour beaucoup d’individus illettrés à signer. Les archives des XIXe et XVIIIIe siècle sont pleines de ces croix d’anonymes. Faire une croix c’est faire présence, affirmer qu’on est là. Qui n’a pas reçu une carte postale d’une station de sport d’hiver, une image de ces grands ensembles avec inscrite au stylo bic bleu une belle croix renvoyant au dos à la mention du lieu de résidence. Combien de croix ont été faites par des jeunes soldats en garnison sur les photos de leur casernement. Ici, nul skieur, ni troufion, mais la croix renvoie à une tombe dans le cimetière parisien de Bagneux. La croix apposée ne signifie pas « je suis là » mais « c’est ici que je serai pour l’éternité ». Reste jusque-là à porter sa croix.