Disparition
– Saint-Viance. Mars 2009 –
La confiance que l’on fait aux choses de l’écrit semble pliée dans un grand nombre de qualités. Cela se ressent tout particulièrement lorsque des relations contractuelles sont en jeu. Le paiement lui-même évidemment est tout écrit, quelle que soit sa forme. Il est d’ailleurs rarement accompli par le seul échange graphique, qu’il soit fait en “liquide”, par chèque ou carte bancaire. Le ticket qui prouve l’acte d’achat vient par exemple consolider l’événement, surtout parce qu’il peut en témoigner et donc le déplacer dans le temps.
Aujourd’hui, le monde marchand donne aussi parfois lieu à la circulation d’autres sortes d’écrits, souvent une série mystérieuse de chiffres et de lettres, qui transportent, non plus le souvenir d’un acte, mais la possibilité de sa clôture. Le code de réservation de votre train fait foi de votre paiement, mais vous permet aussi d’émettre votre billet, puis de bénéficier effectivement du service de transport.
Or, on le sait bien, plus la chaîne est longue, plus elle est fragile. Et l’on trouve parfois, comme ici sur ce ticket d’activation d’un crédit de communication sur mobile, un rappel qui opère comme un réveil brutal. Et qui raconte finalement ce que nous avons vu ici de nombreuses fois. Des écrits peuvent mourir. Ne vous endormez pas sur votre confiance aveugle. Vous avez un code, ce que certains appelleraient volontiers une information, mais elle pourrait disparaître sans que vous vous en rendiez compte. Parce que ce code est aussi encre et papier. Et cette encre sur ce ticket qui pourrait mal la retenir pourrait effacer votre paiement en se désagrégeant. Bien présent sur les lignes de votre compte bancaire, mais, pour le coup, sans objet.