Écrits privés
Paris, mars 2010.
Il sortait de l’exposition Turner au Grand Palais : sans les textes explicatifs inscrits sur les murs et les cartels à droite des tableaux, impossible de comprendre cette plongée dans le marché de la peinture anglaise du premier dix-neuvième siècle. Impossible de saisir combien peindre était d’abord s’inscrire dans une histoire contemporaine de la peinture, s’en distinguer tout en y adhérant. Ces petits écrits des commissaires éclairent chaque œuvre tout en la rabattant sur le goût de ses acheteurs. Ils donnent à lire l’envers du tableau, sa fabrique sociale.
En sortant sans faire attention, il a pris la direction Créteil et puis juste avant d’arrivée sur le quai, il les a vus ; il n’a pas compris que c’était un panneau lumineux pour une marque de téléphone ; il s’est arreté car il trouvait la scène jolie : un livre dont la reliure serait fixée au mur… Un clin d’œil le jour de la sortie aux US de l’iPad… Il a sorti son appareil et s’est approché. C’est à ce moment-là que les choses se sont gatées ! « Vous pouvez photographier le panneau mais l’intérieur est propriété privée ! » La couverture on vous l’accorde mais reproduction interdite des pages intérieures… la loi du marché… pas moyen de regarder dans le ventre de l’écrit.