Écrits sportifs
Bruxelles, mai 2009.
Le football est aujourd’hui un spectacle planétaire ; chaque match est suivi par des millions de télespectateurs à travers le monde. On sait que ce show est minuté, chaque seconde de l’interruption de la mi-temps vendue des fortunes. Les joueurs doivent être à la hauteur, maintenir l’intensité de bout en bout. Ces dernières années, un ensemble d’instruments de mesure de cette intensité a été développé : des statistiques sont produites au fur et à mesure de la partie et viennent en surimpression sur nos écrans. On lit avec intérêt quelle équipe a tiré le plus au but, qui a conservé le ballon le plus longtemps, quel joueur a commis le plus de faute… Sans doute que nos arpenteurs de terrain commençaient à nous ennuyer, aussi a-t-on trouvé de quoi nous donner immédiatement ce que le grand quotidien sportif livrait le lendemain. Nous voilà en direct, fini l’Eurovision et le Te Deum de Charpentier. Le spectacle est total !
Lorsque l’arbitre siffle enfin la fin du match, que les joueurs s’embrassent et courent en tout sens presque fous de joie, oubliant leurs tristes statistiques, dans un coin du stade, au pied de la tribune d’honneur, un artisan sort ses outils, branche sa petite machine. À lui de faire passer cet instant du direct à l’histoire, à lui de graver dans la Coupe argentée, au bas de la liste des vainqueurs le nom de l’équipe gagnante du soir. De ce scripteur, on ne verra pas le visage, seulement les mains. Avec soin, lentement, il inscrira en lettres capitales le nom de ce club, celui du numéro 10 qui a marqué le but de la victoire et qui vient d’échanger son maillot, ce même nom que portent tous ces supporters sur leurs écharpes. Qui n’a pas d’écrits n’est pas…!