Habiter
Saint Papoul, juillet 2009.
C’est fou tout ce que fait une plaque de rue. Elle fait la rue bien sûr, qu’on croise, qu’on traverse, où l’on vit. Elle fait la ville aussi et ses parties. Elle fait l’histoire. Elle ordonne, elle guide, elle rappelle, elle instruit. Sa forme, sa couleur font des plis dans le monde que nos yeux cherchent parfois désespérément, sur lesquels d’autres fois ils glissent sans s’arrêter. Un objet ordinaire éminemment politique dont le texte peut faire l’objet de débats interminables et de critiques qui couvent dans certains cas des années encore après leur installation.
Pourtant, un nom de rue, qu’est-ce que c’est ? Un symbole diraient certains. Autant dire du vide. Non, c’est une marque qui compose le paysage. Et c’est aussi ce que l’on va inscrire à son tour d’innombrables fois. Sur les formulaires administratifs, dans les cases des sites de ventes par correspondance, sur les fiches d’identification des enfants à l’école. C’est aussi ce que l’on fait inscrire à tous les autres, ceux qui veulent bien nous écrire. Le nom qui sera juste en dessous du notre. C’est un mot que l’on habite.
Voilà pourquoi tout le monde, à Saint-Papoul, aimerait avoir sa maison ici. Pour lire et écrire l’amour encore et encore.