Interruption
– Clamart. Mars 2009 –
Nous sommes nombreux à vivre dans un environnement apaisé, familier. La liste des choses avec lesquelles nous échangeons sans véritablement “y penser”, comme on dit, est immense. Il est même quelques philosophes et sociologues pour considérer qu’on voit dans ces couplages sans accroc des formes d’action hybrides, où ce qui fait est pluriel : ni seulement humain, ni seulement objet.
Des objets de ce genre, on en liste bien sûr à la pelle si l’on s’amuse, comme Pérec, à décrire méticuleusement ce qui compose un foyer. La maison ou l’appartement sont habités d’innombrables entités auxquelles nous sommes associés sans que nous les mettions jamais en cause. Mais on en trouve aussi à l’extérieur. La boîte aux lettres, par exemple, est un beau cas. Devant elle, si l’on s’avance une enveloppe à la main, la question “que faire ?” ne surgit jamais. Y déposer la-dite enveloppe. La pré-association de nos mains porteuses de plis plus ou moins urgents et de ces boîtes si accueillantes et telle qu’il faut inscrire sur les dernières un avertissement ou un conseil lorsqu’elles ne sont plus en usage. Ici, déposer le courrier passe par le comptoir du secrétariat médical. Et l’interruption du geste écervelé passe par l’affichage sur l’objet de son mode de désemploi.