Ipséité
– Limoges. Avril 2009 –
Depuis Aristote, la monnaie est considérée comme l’opérateur d’échange par excellence puisqu’elle rend possible une parfaite commensurabilité : toutes les entités qui nous entourent – qu’il s’agisse d’objets naturels ou manufacturés, d’êtres vivants, d’idées, de formules ou encore de force de travail – deviennent comparables et échangeables à partir d’une seule et même unité de mesure. Plus : la monnaie est elle-même l’objet de ses propres critères de conversion.
Pour autant, n’en déplaise aux spécialistes de la modélisation économique ou des spéculations boursières, la monnaie n’est pas une entité aussi volatile et fugace qu’ils le laissent entendre. Malgré la fin de son indexation sur l’or déjà relativement ancienne et le développement des transactions par voie électronique, sa matérialité traverse les situations les plus anodines.
Pour s’en convaincre, rien de mieux qu’un distributeur automatique qui ne rend pas la monnaie. Pour faire l’appoint ici, il est indispensable de comprendre que deux euros ne valent pas toutes les possibilités mathématiques, ni l’ensemble des combinaisons de pièces disponibles pour obtenir deux euros. Deux options seulement sont possibles : 2 = 2 ou 2 = 1 + 1. Transcrit de la sorte, l’évidence confine au truisme. Encore faut-il comprendre la convention qui organise l’inscription. Le chiffre “2” représente la somme d’argent alors que le chiffre “2” entouré d’un cercle la pièce de monnaie. Une belle illustration graphique qui montre que le même n’est jamais totalement le même.