La peau, épisode 3

Paris. Juillet 2009.

Et puis il est rentré chez lui. Il a enlevé délicatement son blouson, son pull et regardé si rien n’avait bougé. S’est trouvé un peu idiot à imaginer que cette encre là aurait pu s’effacer ou baver pendant le trajet. De sa poche il a sorti le papier que lui a donné la fille juste avant de partir. La chaîne des inscriptions n’était pas encore arrêtée. Et comme souvent il fallait passer de l’écriture à la lecture. Les premiers mots — des félicitations — l’ont fait sourire. Ce qui suivait, c’était plus sérieux. Une procédure. Le premier jour, les jours suivants, les mois suivants. Tout ce qu’il fallait faire pour que ses étoiles brillent longtemps. Des choses très médicales d’abord, une sorte d’hygiène de vie ensuite. Juillet serait sans bain et sans soleil. Vivement août.
Comme l’heure était passée, il a suivi les étapes. Enlevé le film alimentaire, savonné puis rincé son épaule et appliqué la crème sur la peau enflammée, comme il le ferait deux fois par jour en grimaçant durant les prochaines semaines.
Il a pensé aux prisons, aux gangs, curieux des procédures qui y circulent, sans doute pas par écrit. Et sans doute moins hygiénistes, mais bel et bien présentes. Peut-être une des rares choses qui reliait finalement leurs pratiques de l’inscription épidermique à la sienne.