Mobilier urbain subversif
– Paris. Mai 2009 –
L’occupation graphique des trottoirs est désormais un classique des cortèges de contestation, le manifestant au milieu de la chaussée n’est pas seulement celui qui expose ses revendications, en chantant ou en portant un autocollant, une pancarte, mais il est aussi spectateur et lecteur de pancartes et banderoles d’autres, ceux derrière lui bien sûr, mais aussi ceux qui sont accrochés de part et d’autre du cortège, d’un arbre à une cabine téléphonique ou sur un abri bus.
Cette distribution de l’espace de la rue affecte le sens même de la manifestation ; autrefois le rapport avec le dehors se faisait par un cordon de S.O. (service d’ordre) reconnaissable par son brassard et son casque. Désormais, le cortège est bordé par des écrits (banderoles et affiches) qui le protège et le redouble. La ville parcourue est ainsi un espace balisé, préparé avec son mobilier propre ; les panneaux sont détournés, les toilettes publiques, les colonnes Morris, les kiosques à journaux ou les abris bus sont transformés en stand militants où l’on vend tee shirts et DVD mais aussi boissons et sandwiches, des étals où sont distribués tracts, autocollants et affiches. Parfois le télescopage est insolite comme cette adresse aux femmes de la manifestation.