Six pieds sous terre
– Paris. Janvier 2009 –
Avec l’avènement de l’informatique et des réseaux électroniques, les termes “virtuel” et “immatériel” se sont peu à peu imposé dans le vocabulaire de description du monde. Nous sommes un certain nombre à lutter contre eux, pour de nombreuses raisons trop longues à exposer ici en détail. Parmi elles, on trouve bien sûr notre obsession pour la matérialité des inscriptions, qu’elles soient effectuées sur papier, pierre ou écran. Mais il y en a une autre, tout aussi importante : la soi-disant dématérialisation est surtout affaire d’invisibilisation ; de mise en infrastructure de ce qui fait fonctionner, circuler, advenir. Notre monde de réseaux n’existerait pas sans câbles, gaines, puces, mais aussi hangars, climatiseurs, etc.
Et avant ces réseaux-là, il y a eut l’eau et bien sûr l’électricité. Ça n’est pas parce que cela semble aller de soi que c’est virtuel. Et il y a des risques à l’oublier. Les histoires sont nombreuses d’entreprises ou de particuliers privés d’eau ou, pire, d’accès internet, pour cause de tractopelle indélicat. Nos sols sont peuplés de réseaux fragiles, aussi fragiles que les vestiges que les occasions de creuser dévoilent à foison dans certaines régions. Pour éviter les catastrophes (parfois tragiques, lorsqu’il s’agit de conduites de gaz, par exemple), il faut des marques, des repères. Et il suffit d’observer celui-ci, ses couleurs, ses images, et les détails précis qu’il délivre, pour imaginer l’importance ou la dangerosité des câbles en question.