Travaux, épisode 2. Marquer
Clamart. Avril 2009.
Les panneaux sont toujours là, quelques voitures sont restées en place. L’activité a tout de même commencé. Une écriture nouvelle s’y mêle. Équipés de bombes de peinture que l’on a l’habitude de voir dans la main d’autres écrivains de l’espace public, quelques employés de l’entreprise en charge des travaux s’affairent à même le sol. C’est que pour réparer ou transformer les réseaux souterrains, il faut creuser. Et pas creuser n’importe où, au hasard. En quelques minutes la rue est maculée. Transfigurés, les trottoirs et la chaussée sont devenus des plans de travail qui montrent à celui qui conduit l’engin ce qu’il faut faire.
La bombe seule n’y est pas pour grand chose. Comme bien souvent, pour écrire ou marquer, et pour que le résultat de ces gestes soit heureux, il faut lire. Dans sa main gauche, l’homme tient le produit d’un autre travail graphique éminemment complexe : le plan de la rue et de ses canalisations. Avant de faire chaque repère, ses yeux passent méticuleusement du document à la rue et retour. Par à-coups, il s’approche d’un point précis, parfois doute, comme un enfant que l’on guide par des “froid” ou “chaud”. Quand il estime avoir trouvé, il se penche et peint lentement son graffiti, signant la fin des écritures publiques de ces travaux. Laissant la place à la longue série d’écrits souterrains qui restent encore à produire et à faire circuler avant que tout cela ne soit véritablement considéré comme terminé.