ISSN : 2266-6060

Exposées

Paris, mars 2025.

Au cours de leur carrière, les écrits traversent différents régimes d’exposition. Ils peuvent être écrits pour soi ou pour d’autres, affichés pour des raisons légales ou d’apparat, c’est-à-dire pour être vus, mais pas forcément lus, et ce, par des publics plus ou moins larges. Comme l’a disséqué Béatrice Fraenkel, certains écrits sont exposés pour être copiés — dont les écrits juridiques de l’Antiquité romaine, où la copie devait permettre aux citoyens de proposer des modifications — ou, longtemps, les emplois du temps, les compositions de groupes ou les résultats d’examens sur les tableaux des écoles. C’est désormais les mots de passes pour accéder au wifi que l’on recopie couramment.
Au fil de la miniaturisation des appareils photo et de l’évolution des répertoires d’action collective, les écrits de manifestation de rue sont pensés et tracés pour être photographiés et partagés en ligne afin d’étendre leur lectorat. Même modestement exécuté en récupérant le carton d’un colis en y collant une feuille vierge et en écrivant avec un unique feutre noir, cet écrit de manifestation rejoue des pratiques fondatrices de l’espace public démocratique : emporter l’adhésion avec un bon mot, construire un mot d’ordre, symboliser une position. Ce faisant, les autrices se trouvent, comme leurs écrits, largement exposées, ce qui n’est pas sans poser de nouvelles questions.



Les commentaires sont fermés.