Faits
Boston, septembre 2017.
Nous vivons dans un monde qui s’appuie sur des faits quantifiés. Un nombre grandissant de nos actions sont encadrées par des indicateurs et des chiffres qui les accompagnent ou les évaluent. En gros, notre expérience quotidienne ressemble de plus en plus à un mélange d’école primaire, où les notes rythment les semaines, et de laboratoire scientifique où les faits sont établis par une cascade de nombres. Et, il faut l’avouer, c’est un sacré progrès. Quelle satisfaction par exemple de pouvoir remplir sa bouteille vide avec une fontaine qui est capable d’afficher l’incroyable quantité de déchets plastiques qu’elle a contribué, avec votre aide, à éliminer. Les sceptiques eux-mêmes seraient bien incapables de remettre en cause les chiffres présentés : ils ne sont après tout que le résultat d’une simple addition de manifestations physiques traduites en unités par un capteur rudimentaire. Certes, certains pourraient s’interroger à propos des mots de la fontaine. À quoi « éliminer », « déchets », « aider » réfèrent-ils, exactement ? Allez, ce ne sont que des mots. Et qui écoutent les sceptiques, de toute façon ?