Feutres

Marseille, janvier 2022

Depuis deux ans, nous nous sommes habitués à ces comptages de cas, présentés sous forme de nombres ou de belles courbes, montrant à tous la dynamique de l’épidémie, ou alimentant les discussions sur la qualité des données, des tests et des indicateurs. À partir de ces cas sont censées se définir des politiques de santé publique, de lutte contre l’épidémie et d’adaptation de la vie économique, politique, sociale.
Mais, ici, à la porte de cette petite école, les données apparaissent sous un jour bien différent. Suivant le protocole, l’humeur du rectorat ou la volonté de la directrice, un cas ou trois cas ou un nombre variable vont entraîner une fermeture de la classe, bouleverser l’organisation parentale, séparer les enfants entre celles qui iront toujours à l’école et ceux qui devront s’en passer pendant un temps.
Alors, peut-être pour adoucir ces nouvelles, les acclimater au contexte de la maternelle ou parce que ce sont les instruments d’écriture les plus disponibles, les feutres sont de sortie. Ils servent à dessiner dans des couleurs joyeuses de belles lettres accrochées les unes aux autres, avant le verdict des nombres.
Nul doute pour les parents, ils voient de loin la couleur de référence pour leurs petits : les classes rose, verte et orange sont concernées, tandis que la bleue, la rouge et la violette sont épargnées. Pour aujourd’hui.