Forces et faiblesses
Clamart, août 2013.
La signature est un objet graphique incroyable, un incroyable geste scriptural. On peut en faire l’expérience quasiment tous les jours, lorsque l’on paye par chèque, réceptionne un colis postal, contrôle les cahiers de devoirs des enfants en fin de semaine, mais aussi lorsque l’on obtient un nouveau passeport ou accepte un contrat de travail. Signer c’est valider, témoigner, certifier, vérifier, et plein d’autres choses encore. C’est sans aucun doute l’acte le plus frappant pour expliquer la puissance de l’écriture.
Mais la signature est aussi quelque chose de fragile. Elle peut être imitée, et sans un original à laquelle la comparer, il est difficile de l’authentifier. Demandez aux experts en art. Demandez à votre fille lorsqu’elle veut sécher les cours. La signature est aussi une affaire de routine et de confiance. On compte sur elle en espérant que rien ne viendra briser la chaîne sociographique qu’elle est censée consolider. Cependant, dans certaines occasions, la confiance ne suffit pas. Alors que j’étais supposé envoyer une procuration à un clerc de notaire, j’ai découvert que je ne pouvais pas la signer seul chez moi. Ma signature devait être « légalisée ». Rien de bien compliqué ; je devais juste aller à la mairie et signer en face d’un agent qui pourrait vérifier ma carte d’identité. Mais comment le document lui-même allait-il garder les traces de cette situation ? Par de nouvelles marques, faites avec quatre tampons différents, et de nouvelles écritures : mon nom complet, l’emplacement précise de ma signature (« ci-contre »)… et une autre signature.