Formats
Singapour, février 2017.
Dans ce bâtiment d’un grand groupe industriel, on présente sa carte d’identité à l’accueil afin de circuler plus avant. Un passeport devrait faire l’affaire. Pourtant, l’agent d’accueil hésite, puis demande à nouveau une carte d’identité. Certes mon passeport n’est pas équivalent au plan juridique, puisqu’il me permet de circuler hors des frontières nationales. Mais c’est bien lui qui garantit mon identité à l’étranger. Je comprends alors que l’équivalence qui pose problème n’est pas juridique. Le format du document est en fait trop grand. Impossible alors pour l’agent d’accueil d’opérer selon la procédure habituelle : un simple geste qui associe chaque carte d’identité au numéro du badge magnétique qu’elle remplace dans un classeur. On admet volontiers que la standardisation a des vertus industrielles et marchandes. La production de biens aux qualités identiques les distinguent d’autres produits, de moins bonne facture, usés ou contrefaits. On néglige pourtant encore trop souvent l’omniprésence des standards dans la plupart des situations, et l’orientation qu’ils contribuent à donner au cours des actions. Pour échanger le badge contre mon passeport, l’employé a dû se présenter en personne à l’accueil et certifier que nous avions rendez-vous ensemble. Le surgissement d’un document cartonné et c’est le cadre d’une simple formalité, bien réglée, qui se trouve momentanément chamboulée.