Aux petits soins
Grenoble, juin 2010.
C’était un matin très ensoleillé, et j’étais accoudé à la fenêtre de ma chambre d’hôtel. J’observais le réveil de cette ville qui s’animait petit à petit. Les voitures commençaient à former une jolie file multicolore, les magasins ouvraient progressivement leurs portes, les piétons traversaient cette place et arpentaient les rues avec plus ou moins d’entrain. Le rythme habituel des activités battait son plein… jusqu’à ce qu’un petit événement survienne.
Soudain, j’étais face à une scène qui me transportait dans le temps. Après avoir coincé la roue avant de son vélo, un homme était tombé par terre. C’était le facteur et plusieurs personnes avaient détourné leur chemin pour aller dans sa direction. Il s’était relevé rapidement en signifiant qu’il n’y avait rien de grave. Mais la chute ne concernait pas que sa personne : avec le choc, la sacoche avant du vélo s’était complètement vidée, laissant se répandre au beau milieu de la rue l’ensemble du courrier qu’elle contenait. Si les bons samaritains s’inquiétaient principalement de la santé du facteur, ils l’aidaient également à remettre les lettres à leur place initiale. Et aucun des conducteurs, même les plus pressés, qui attendaient pour passer avec leur voiture ne s’était manifesté durant cette scène.
À l’heure des transactions électroniques qui permettent d’échanger facilement des fichiers en tout genre, le courrier a retrouvé l’exclusivité de ses premières attributions : faire transiter des missives administratives et commerciales. Faire attention au facteur, ce n’était pas seulement s’inquiéter de sa santé, c’était aussi prendre soin de diverses entités de papier qui fondent tant les échanges interpersonnels que les rapports institutionnels.