Chiffre

Aix-en-Provence, janvier 2020

Certains écrits ne sont pas faits pour être lus, ou plutôt ils sont écrits pour ne pouvoir être lus. Le Ministère des Colonies, à Paris, souhaitait alors communiquer secrètement avec le Gouverneur de Pondichéry géographiquement isolé. Dépendant d’une infrastructure indienne, le télégraphe, il avait recours à cette écriture de notre enfance, le code secret, indéchiffrable aux transmetteurs et transparent pour le destinataire.
Il fallait néanmoins à ce dernier non seulement posséder le code, mais aussi annoter au stylo bleu et calculer pour que les nombres se transforment en mots, et que le sens caché devienne apparent.
Pondichéry n’est plus française depuis longtemps, les expéditeurs, transmetteurs et destinataires ont aussi disparu. A l’ère du numérique, nous sommes tout aussi incapables que le gouvernement indien d’alors de déchiffrer ces nombres. Et pourtant nous lisons tant de choses dans cette trace, archive d’un monde impérial dissous.