Couches
La Rochelle, juillet 2011.
Lorsqu’on recherche un appartement, on est attentif à certains détails. Son prix, sa position dans le quartier, sa surface et l’agencement des différentes pièces… Une fois que le choix est arrêté commence simultanément un flux de plusieurs chaines d’écriture parallèles faites de papiers, de formulaires, de contrats d’achat et de vente, de pièces comptables, de dossiers, d’emprunts bancaires, d’actes… Une masse considérable de papiers et d’inscriptions précède la possibilité d’entrer et de vivre dans un appartement. C’est seulement après un tel flux de pratiques d’écriture qu’on peut profiter de son appartement et commencer à rénover certaines pièces. Parce que chacun a sa propre idée de ce qu’est un lieu douillet. L’épreuve des papiers laisse alors la place à d’autres préoccupations : la décoration intérieure et l’assemblage de mobiliers, de couleurs, de peintures, de tapisseries… Tout ce travail consiste à transformer un lieu d’habitation en un autre, généralement considéré comme beaucoup plus approprié et confortable qu’il était. On cherche souvent à effacer la présence des occupants précédents, sans penser aux (nombreuses) traces laissées par les travailleurs qui ont construit les différentes parties de l’appartement. Voici l’heureuse surprise qu’on a pu trouver en enlevant l’ancienne tapisserie. On a appris que la plâtre de ce mur a été “fait le 19.6.1972 par l’entreprise Mayeux frères”. Et ensuite “refait en 1982” par un autre artisan. L’infrastructure a elle aussi ses marques personnelles. Non seulement dans l’âge de ses matériaux, mais aussi dans les différentes couches d’inscription qui racontent sa propre histoire.