Cycles de vie
Paris, aout 2010.
Un achat, un petit bout de papier. Dans ce monde, chaque acte marchand ne se résume pas à l’échange de biens contre une somme d’argent : il se conclut aussi par l’impression d’un ticket de caisse. Leur destinée est multiple. Certains sont immédiatement jetés après la sortie du magasin, d’autres au contraire sont conservés soigneusement. Dans un cas, tous ces petits bouts de papier remplissent les poubelles et alimentent les chaînes de recyclage d’une économie tendue vers les exigences du respect environnemental. Dans l’autre, les tickets de caisse font progressivement enfler les porte-feuille des personnes qui les archivent.
Face à leur pullulement quotidien, un moment de tri régulier s’impose. Le type de biens désignés est souvent décisif : les aliments déjà consommés n’ont plus d’autres référents que ce morceau de papier, tandis que de nombreux autres objets ont besoin de cette preuve d’achat pour un éventuel échange. Au fil du temps, certains tickets de caisse perdent leur valeur, alors que d’autres gardent toute leur vigueur.
Un achat, deux petits bouts de papier. Les tickets de caisse s’empilent parallèlement dans chaque lieu où ils sont imprimés. Pour ces instances émettrices, ils gardent la trace des achats réalisés jour après jour et permettent ainsi de faire le bilan des activités. Leur archivage est crucial, comme la copie de leur contenu dans d’autres documents : livres de compte, relevés de compte bancaires… Mis bout à bout selon la date de la semaine ou du mois, ces petits morceaux de papier dessinent donc des parcours dans de multiples lieux simultanément. Ils tissent des liens aussi faibles qu’indispensables à la biographie des personnes, des biens et des organisations qui peuplent notre monde.