Défiance
Paris, mars 2015.
Notre société du risque est aussi une société du doute collectif et de la remise en question. La parole des experts ne porte plus l’autorité d’antan et celles et ceux qui peuvent prétendre à faire vaciller les certitudes sont de plus en plus nombreux. Ondes, gaz de schistes, grands projets urbains, OGM, campagnes de vaccination, on ne compte plus les objets qui font aujourd’hui face à des remises en question plus ou moins articulées et plus ou moins radicales.
Depuis déjà de nombreuses années, les élèves d’écoles dites « grandes » — ceux là mêmes qui sont appelés à nourrir les rangs de l’élite patronale et politique européenne et à voir leurs parole bousculée — sont sensibilisés à ces mutations. Inlassablement, malgré les remarques désobligeantes et le mépris de ces « vrais » scientifiques en herbe, des enseignants cherchent à les guider dans l’analyse de controverses de toutes sortes, espérant qu’ils tireront de l’expérience quelques leçons utiles et sauront au moins prendre en considération des arguments divergents.
La tâche est parfois difficile, et l’hermétisme de certains franchement démoralisant. Il suffit pourtant d’un tour dans les toilettes de cette école pionnière dans l’exercice pour reprendre espoir. Ajoutés à la main tel un anodin graffiti, ce « comment ? » et le soulignement du chiffre impressionnant de cette affiche mi-publicité mi-mode d’emploi laissent à penser que tout n’est pas perdu. Le goût de l’enquête et les exigences de l’ouverture des boîtes noires de la quantification finiront certainement par passer la porte des WC.