Doléances
Paris. Septembre 2009.
Dans certains lieux, le cahier occupe une place centrale pour recueillir les impressions et les émotions du public : livre d’or dans les salles d’exposition, cahier d’intention de prières dans les églises (clin d’œil amical à Clara Lamireau ). Généralement, le cahier présente des pages blanches remplies par les visiteurs comme bon leur semble. L’écriture prend la forme de quelques mots jetés sur le papier, d’une signature seule, ou encore d’un dessin plus ou moins élaboré. Quoi qu’il en soit, bien que le type de lieu et les inscriptions précédentes sur le cahier formatent quelque peu le geste attendu, l’écriture est souvent laissée à l’appréciation des scripteurs.
Au Museum national d’histoire naturelle, le cahier présent à l’entrée sur un pupitre est assez différent. La page blanche cède ici la place à un imprimé avec papier en-tête, une liste de questions, et un espace inférieur réservé à d’éventuels commentaires. L’accroche est sans équivoque : “votre opinion nous intéresse !” Le recueil des impressions des visiteurs s’incarne dans un véritable questionnaire, et l’expression de la satisfaction est ainsi invitée à passer par une voie administrative. Les deux pages ouvertes au moment de notre visite donnent à voir l’espace polarisé produit par ce genre de dispositif : une liste de mécontentements fait face à un “super !” en majuscules. Comme si la position d’administré induite par la forme questionnaire était propice à forcer le trait.