Et après ?
Marseille, avril 2020.
La rue était bien sûr vide, confinement oblige. Avec le soleil le frappant directement, le panneau bâti sur une emprise SNCF était d’autant plus visible avec son fond blanc. Les lettres immenses et la bichromie rappellent les publicités subliminales d’Invasion Los Angeles. Mais au lieu des mots d’ordre à la gloire du capitalisme, une question qui nous arrête plutôt que de guider nos conduites.
Comme le héros de ce magnifique film de John Carpenter, notre interprétation est provisoirement suspendue. S’agit-il de l’effondrement du marché des annonces qui a conduit l’entreprise possédant le panneau, « Avenir publicité », a subtilement rappeler l’existence de ce support pour de futurs clients ? Ou, comme le suggèrerait les petites pliures visibles, d’un piratage de l’espace commercial par des militants décroissants ? Est-ce qu’un parti politique entend ainsi relancer les élections municipales dans l’attente d’un hypothétique second tour ?
Tout est ouvert, tout semble possible, c’est ce que nous dit ce panneau. L’après peut-être comme avant, mais aussi comme maintenant vague après vague, ou comme jamais dominé par les communs et renvoyant la pollution publicitaire à un passé révolu. Il nous oblige à y réfléchir au moins un instant, seuls dans ce vide spatial et temporel, avant de vite rentrer chez nous, la méditation n’étant pas un motif dérogatoire de sortie.