ISSN : 2266-6060

Femmage


Paris, avril 2023.



Au moment de l’annonce, l’événement paraît à peine croyable et renvoie chacune à des émotions vécues d’une manière plus ou moins singulière : effroi, stupeur, agitation, colère, tristesse, abattement ; qui se collectivisent en se reliant à des précédents. Pourtant, en regardant les collages sur les murs et les décomptes que les collectifs féministes opposent aux statistiques bisannuelles du ministère de l’Intérieur et aux annonces de grande cause nationale ; il s’agit là d’un fait social déjà bien connu, le « féminicide ». Ce terme, objet de luttes sémantiques, est défini, par celles qui tiennent à grands frais le décompte, comme un crime dans lesquelles des femmes sont tuées parce qu’elles sont femmes, par leurs compagnons ou leurs ex qui les considèrent comme leur possession en raison de normes et de valeurs patriarcales dominantes dans notre société.
Outre les murs, les articles de presse et la conversation sur les réseaux sociaux, c’est aussi le pas de porte des victimes et de leurs familles qui peut devenir un lieu d’inscriptions et de collectivisation des émotions et prend alors une force d’interpellation. Adresse directe à celle qui était jusqu’ici une inconnue, messages de soutien aux proches, promesses de souvenir, poèmes ; autant d’actes d’écriture, soutenus par du scotch et protégés par des feuillets plastifiés, accompagnés de fleurs, qui constituent un femmage. Ici, celui de notre collègue de l’université Gustave Eiffel, Cécile Hussherr-Poisson dont, nous aussi, nous voulons nous souvenir.



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