Férié
Le site CovidTracker avait démarré comme un exercice de visualisation à partir de données publiques ouvertes. Un an plus tard, il était devenu le point de rencontre d’audiences les plus diverses : journalistes, médecins, personnel politique, malades et patients, simples citoyens et citoyennes. Au centre de l’attention, diverses courbes, formes d’écriture si simples puisqu’elles nous montrent la dynamique mesurée du virus et de ses effets, et si complexes qu’elles nécessitent légendes, calculs, sources et explications.
Parmi ces courbes, cette belle bleue, qu’on dit « lissée sur 7 jours ». Elle évolue donc lentement, amortissant le fil des contaminations, des tests et de leur remontée irrégulière vers de multiples systèmes d’information par le calcul d’une moyenne sur une semaine. Et pourtant, parfois, on y voit des ruptures de pente inquiétantes, à la hausse ou à la baisse. Elles sont aussitôt commentées sur les chaînes de désinformation continue.
Alors que faire ? Laisser ces données qui n’ont de brutes que le nom, tant leur chaîne d’incription est complexe, ou ajouter encore une nouvelle information graphique ? Le site a finalement choisi d’inscrire ces petits pointillés, affublés d’une légende, comme tracés à la main.
« Correction jours fériés » dit-elle. Ces jours si particuliers où tout est fermé, laboratoires et pharmacies inclus, rendant quasiment impossible la réalisation des tests PCR. Par entraînement, il y a si peu de nouveaux cas positifs à signaler que l’on peut lire une courbe ébouriffée plutôt que lissée. Une fois ainsi dédoublée, quelle est la bonne courbe ? La bleue continue qui repose sur des tests réalisés ou la rouge pointillée qui est inférée à partir de ce qui aurait dû être, si tous les jours de la semaine avaient été travaillés ? Jours fériés, jours bénis où même le virus est en vacances.