Fracas, tracas

Paris, juillet 2011.

La fluidité du monde est assuré par de multiples connecteurs et de nombreux sas. Parmi ces régulateurs de flux, la porte est une technologie à la fois simple et sophistiquée. Scriptopolis en a déjà exploré différents aspects : codée, scellée, agent de sécurité, capricieuse, sélective, augmentée, perceptive, interactive… Quels que soient son équipement et le monde sur lequel elle ouvre, une porte n’est toutefois une porte que si elle peut demeurer fermée.
Or, face à la négligence des êtres humains, la fermeture systématique est souvent déléguée à un groom mécanique. De cette manière, les habitants de cette résidence ont la conscience tranquille. Tout en refermant la porte, le groom assure la sécurité du lieu. L’accès à la résidence est difficile… même pour ceux qui ont la clef. Comme l’indique l’inscription, il faut lutter contre la puissance du groom pour ouvrir, puis le retenir de tout ses forces pour éviter qu’il claque violemment la porte.
Toute délégation technique, aussi simple soit-elle, inclut certains êtres (ici ceux en bonne santé musculaire) et en exclut d’autres (enfants, personnes âgées…). Mais elle va également de pair avec un déplacement de la charge morale. Pensant avoir la conscience tranquille, les résidents ne guettent plus d’éventuels intrus : ils sont désormais sous le regard inquisiteur et les oreilles alertes de tous leurs voisins à chaque passage de cette porte.