ISSN : 2266-6060

Hommages

Roanne, février 2018.

L’inscription est floue, mes émotions troublées. Ce n’est pas parce que l’on s’y attend plus ou moins tous, et qu’on imagine même que ce sera un soulagement, que la nouvelle ne tombe pas sans surprise, sans son lot de bons souvenirs, sans quelques petits regrets de choses inaccomplies aussi. Ça y est, tu es parti ! Enfin, pas tout à fait… Nous pouvons encore te rendre visite dans le salon « Platine ». Ce même salon dans lequel nous nous étions transportés, il y quelques années. Le même lieu, les membres de la même famille, les mêmes amis, les mêmes corps attristés, rassemblés ici pour t’accompagner, faire un dernier bout de chemin avec toi, qui était toujours partant, avant de rejoindre celles et ceux qui nous ont déjà quittés.
L’inscription est floue, je la connais. Hier c’était pour une autre, ta tendre et chère, aujourd’hui c’est pour toi. L’impression de déjà vu est grande, mais cette fois-ci pas de cérémonie officielle, pas de beau registre relié, seul le modeste dossier dans les mains de ton fils. Puis la petite plaque dorée rivetée sur ton nouveau véhicule boisé. Un dernier regard, un dernier geste. Toucher pour se sentir connectés physiquement, toucher pour ressentir ta présence, pour activer notre lien, une dernière fois avant ton voyage souterrain. Puis mes yeux se sont à nouveau posé sur une inscription épigraphique familière, gravée sur cette pierre tombale, me remémorant de très lointains souvenirs d’enfance…
L’inscription est floue, mes yeux mouillés. Avant ton ultime mouvement, mon cousin a pris la parole. Une parole pesée et équipée d’un petit bout de papier, où chaque mot compte, où chaque mot résonne avec le souci d’un profond respect : « Comme pour mamie, je commencerai avec cette phrase : Quoi dire et comment ne rien dire ? Je ferai plus court que pour elle, car tu as souhaité partir avec la plus grande discrétion, pour que l’on continue à vivre avec ton souvenir, mais sans larmoyer. Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour nous tous, je te remercie tout particulièrement pour tout ce que tu as fait pour moi, tout ce temps passé, et toute cette facilité à transmettre ton expérience et ton savoir. Papy, aujourd’hui est une délivrance pour toi, mais une souffrance pour nous. Je t’embrasse, comme nous tous. Merci. » Tout est dit, tout est écrit. Sûrement pas ! En attendant une prochaine rencontre inattendue, au détour d’un autre mode de présence, à travers une discussion, un objet, un lieu, je te souhaite un repos mérité.



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