Impulsion

Paris, janvier 2010.

Cela fait maintenant longtemps que nous nous sommes rencontrés. Nous avons traversé ensemble une partie des années 1980, forgeant en commun différentes expériences de jeunesse. Puis nos routes se sont séparées au cours des années 1990, pour se croiser à nouveau un peu par hasard au début des années 2000. Si notre sport favori est toujours le même, nous avons également développé un gout pour d’autres activités, notamment graphiques. De quoi partager et alimenter nos discussions des futures décennies. Puis un jour tu es arrivé, comme d’habitude, avec plusieurs projets en cours : la validation des prototypes d’une nouvelle série de meubles, la programmation d’une exposition de peinture dans une galerie à l’autre bout du monde, un salon à Paris le mois prochain… La concrétisation du travail des mois précédents allait bon train.

Mais cette fois, tu es aussi venu me faire part d’un autre projet, un peu différent celui-ci. Pour me le faire sentir dans toutes ses dimensions, tu as pris une feuille et un crayon : au fil des gestes qui accompagnaient tes paroles, j’ai bien compris que tu venais d’acquérir un nouveau local d’habitation dans lequel tu entreprenais de nombreux travaux. Tes explications donnaient progressivement du sens aux traits griffonnés sur le papier. Et au fur et mesure que ton esquisse prenait forme, j’ai mieux compris de quoi il s’agissait. Tu étais en train de le faire ! Tu n’allais pas seulement façonner un lieu d’habitation à ton image, mais tout simplement réaliser ce dont nous discutions très sérieusement étant adolescents, sans trop d’illusions non plus sur sa concrétisation réelle. L’ébauche que nous avions sous les yeux ne faisait pas que représenter l’allure du projet architectural, positionnant chaque pièce et ses fonctions par rapport aux autres. Elle dessinait à grands traits les lignes de perspective qui fondent notre amitié.