Indices
Singapour, février 2017.
Le premier épisode de la récente troisième saison de Black Mirror, dans lequel tout et tout le monde est sujet à une évaluation instantanée, est de loin le plus réaliste de la série. Likes, étoiles, cœurs, notes : aujourd’hui, les indices de satisfaction sont littéralement partout. Pourtant, si dans certains endroits, il est devenu banal de laisser une marque qui témoigne de son contentement ou de sa déception, dans d’autres cela peut encore sembler étonnant. Par exemple, tomber nez à nez avec cet écran qui invite à « évaluer votre expérience » à la sortie du poste de douane est une chose franchement étrange. Comment pourrais-je évaluer ce court moment pendant lequel j’ai observé en silence quelqu’un scruter attentivement mon passeport ? Si je décidais, pour une raison ou pour une autre, de sélectionner le visage qui dit « très mauvaise », quelles seraient les conséquences ? Et surtout, comment est-il possible que les deux pouces que je viens d’appuyer pendant une minute entière sur le lecteur d’empreintes digitales n’aient pas déjà été comptabilisés comme deux likes ?