Isolé
En entrant dans cet ascenceur, vous trouverez une affiche qui fait référence à un registre qu’il faut que vous remplissiez et que vous signez si vous vous retrouvez à travailler un dimanche dans ce batiment académique. La danse des références est classique. Tout comme la procédure de signature, même si elle vise ici le pointage non pas des heures de travail habituelles, mais des exceptionnelles. Ce qui frappe surtout c’est la manière qu’a le registre de qualifier les chercheurs qui doivent le signer : travailleur isolé. Vous pourriez être gêné par ce nom qui stigmatise votre isolement alors même que vous venez travailler un dimanche. Mais vous pourriez aussi voir le bon côté de la chose. Aprés tout, voici un dispositif qui assume clairement le caractère collectif du travail scientifique, au point que le chercheur isolé doit être identifié, si ce n’est montré du doigt. Croyez-nous, dans un monde où l’évaluation scientifique est obsédée par les personnes et force tout le monde à faire la preuve de ce qui peut être attribé à lui ou à elle seule, trouver un site où l’in-dividualité est considérée comme une anomalie est quelque chose de raffraichissant.