ISSN : 2266-6060

La mort de l’industrie musicale, épisode 1

Paris, octobre 2011.

Les débats autour du rôle d’Internet, des échanges de pair à pair et de l’invention du mp3 dans la baisse des ventes de musique sont explosifs. Mais ils sont souvent abstraits, s’appuyant sur des séries statistiques, de grandes argumentations économiques. Rien de tel qu’un petit mot manuscrit pour donner à nouveau de la chair à la discussion et sentir très concrètement que si le Web a changé des choses dans le domaine, cela peut aussi être dans le bon sens. Une véritable bénédiction, parfois. Mais comment ce petit mot qui m’est spécialement adressé, et qui n’est que papier et encre, a t-il à voir avec les nouvelles technologies et les réseaux numériques, pourriez-vous objecter. Beaucoup, à vrai dire. Le CD qu’il accompagne est le résultat de la récolte d’argent à traverse le monde, grâce à un service appelé Kickstarter. Le principe est simple : vous faites la promesse de payer pour un projet, et si suffisamment de promesses sont rassemblées, le projet se fait effectivement. Sinon, personne ne paye. C’est un test, ici pour les musiciens (mais le service porte sur de nombreux autres domaines), qui leur permet de voir si suffisamment de personnes sont intéressées dans le monde et acceptent de payer pour leur œuvre, parfois même d’acheter en plus des bonus. Une garantie de ne pas perdre d’argent et de tisser un lien personnel et fort avec leur public.
Dès qu’il s’agit de phénomènes socio-économiques complexes, les simplifications de vocabulaire des médias généralistes sont frustrantes. Mais finalement, je crois que j’aime assez l’expression « la mort de l’industrie musicale ». Surtout pour la partie « industrie ». Car si Internet peut apporter quelque chose dans le domaine, c’est bien une incroyable explosion d’un artisanat musical abordable pour le public et vivable pour les artistes (En France la belle maison Microcultures l’a bien compris). Et quelques autres petits plaisirs comme de plus en plus de petits mots qui resteront dans les boîtiers de CD et dans les pochettes de vinyles comme une nouvelle forme, hautement appréciable, de reçu.



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